• Il avait tué un Yorkshire : un mois de prison avec sursis

    Tribunal correctionnel de Laon. _ Un grand gaillard un peu froid, un peu cireux, cheveux gris, très calme. Il a 40 ans et ce serait donc lui, Joël C., qui aurait passé ses nerfs sur autre chose qu'un tigre du Bengale, un alligator ou un taureau de corrida ?
    Sur Pompon en vérité, Yorkshire de 7 ans, élevé au biberon par sa propriétaire. Un kilogramme de tendresse claqué à dix jours de Noël contre le mur d'un couloir parce qu'il avait pissé dans la maison. Ensuite presque achevé dehors à coups de pied. C'est Joël, ou pas, le responsable ?
    « Mon amie et moi, on était ensemble depuis un an et demi. Au début, c'était bien… » conte le prévenu. Madame est à sa droite, blonde, fatiguée, assise le visage creusé. « Elle est hyper jalouse. Il s'est mise à imaginer que j'allais voir quelqu'un alors j'en ai parlé à sa sœur. Même elle, elle a compris pourquoi je voulais partir ». Le couple est en crise.
    Lui, posé, économe de ses mots, indique qu'il a toujours aimé les bêtes, qu'il a toujours voulu une ferme, comme dans son rêve d'enfant. Elle qui dit s'être endettée pour lui. « J'ai une maison maintenant avec 6.000 m2 de pâtures, dont je ne sais pas quoi faire », se plaint-elle.
    Les deux se sont séparés. Ils se jettent leur passé à la figure quand le président intervient : « Mais le chien là-dedans ? Où est l'histoire du chien ? » « Elle s'est vengée quand elle a su que je voulais rompre », déclare Joël C.
    Ce qui est arrivé au chien, ce n'est pas lui. Pierre Gionni, son avocat, le déroule ainsi. Des lettres de la plaignante feraient état, selon lui, de tendances suicidaires, voire de troubles psychologiques dans ce climat passionnel. Étrange, tout de même, d'imaginer celle qui a élevé au biberon son fidèle Yorkshire, le balancer contre un mur et lui asséner des coups de savate jusqu'à lui exploser la tête…
    Pompon n'est pas mort tout de suite. C'est arrivé le vendredi en fin d'après-midi. Il s'est traîné, son ventre avait enflé et « il est décédé dans la nuit de samedi à dimanche », relate sa propriétaire. Elle avait mal mesuré l'ampleur des blessures. Le vétérinaire ne sera prévenu que pour effectuer une autopsie.
    C'est un élément, cet examen du cadavre, qui torpille la thèse du complot. Un autre s'y ajoute. Le témoignage de la fille de la propriétaire. Elle a confirmé le jet du chien dans le couloir, mais indique qu'elle n'a pas vu le reste. Qu'elle n'était plus là, alors. « Elle n'a pas chargé l'ex-concubin de sa mère » relève Me Moreau.
    Me Letissier, pour la SPA, ne s'attarde pas. « On ne sait pas jusqu'ou peut aller une personne capable de commettre un acte aussi cruel », lance-t-il avant de réclamer 1.500 euros de dommages et intérêts et subsidiairement l'interdiction pour l'homme de posséder des bêtes.
    « Inquiétant » et « sadique » reviennent dans les mots du Parquet. Un mois de prison ferme est réclamé. L'avocat de la propriétaire (Me Moreau) n'obtiendra pas 1.500 euros de préjudice moral, mais finalement 600 et le remboursement des frais engagés pour l'autopsie. La SPA obtient 600 euros de même.
    Joël C. a bien été reconnu coupable d'actes de cruauté. Il écope d'un mois de prison avec sursis. Lui qui disait « Pompon, c'était un chien, quand on lui parlait, il vous répondait », n'aura prononcé aucun regret.


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